Page:Machaut - Œuvres, éd. Hœpffner, I.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

          596 Qu’elle vit bien
Que je tendoie a s’onneur et son bien,[1]
Et que mes cuers l’amoit seur toute rien ;
Si que tant fis qu’elle me tint pour sien
          600 En tel manière
Que de bon cuer riant, a lie chiere,[2]
Me dist : « Amis, vesci t’amie chiere
Qui plus ne vuet envers toy estre fiere ;
          604 Qu’Amours le vuet,
Qui de bon cuer ad ce faire m’esmuet.[3]
Et vraiement, estre autrement ne puet ;[4]
Car moult grant chose a en faire l’estuet.[5]
          608 Pour ce m’amour[6]
Avec mon cuer vous doin, sans nul retour ;
Si vous depri que vous gardez m’onnour,[7][8]
Car je vous aim dessus tous et honnour. »[9]
          612 Et quant je vi
Que ma dame m’appelloit son ami
Si doucement, et que le dous ottri
M’avoit donné de s’amour, sans nul si,[10]
          616 Se je fui liez,[11]
Douce dame, ne vous en mervilliez.
Car j’estoie devant desconsilliez,[12]
Povres, perdus, despris, et essilliez,
          620 Sans nul ressort,
Quant je failloie a son très dous confort.[13]
Mais recouvrez, ressuscitez de mort,
Riche au dessus, pleins de grant reconfort.[14]

  1. CEKJ son. a son bien
  2. C Que de moi riant ; E du bon c ; P cuer loyal a lie ch. ; E a bonne chiere
  3. KJ me sueust
  4. E Et pour ce questre
  5. E Et quainsi faire le mesteut ; KJ a ce faire
  6. E Du tout mamour
  7. 610 et 611 intervertis dans D
  8. D pri
  9. D sus
  10. de manque dans D ; D fi
  11. AFMBDC Si ; C Si fu moult liez ; R Je fu 1.
  12. J Car estoie
  13. Z) son dous
  14. D confort ; MJ desconfort.