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48 LE DIT DOU VERGIER


Leur doie, ne doleur ne peinne[1]
1032 Ne que la joie souvereinne
Jamais ne leur deffenderont.[2]
Et quant li villein einsi sont
Vaincu par leur male aventure[3]
1036 Et tourné a desconfiture,
Ces damoiselles devant mi[4]
Viennent et m’ameinnent l’ami,[5]
Et aussi tuit cil damoisel
1040 Qui sont juene, gent et isnel.[6]
Si me viennent trestuit prier
Que la joie vueille ottrier[7]
A l’ami ; et si le tesmoingnent[8]
1044 Pour tel qu’en lui riens ne ressoingnent[9]
Qu’il ne soit secrez et loyaus,
Pleins de tous biens, vuis de tous maus.
Et quant je puis apercevoir
1048 Qu’il est dignes de recevoir
La joie qui est nompareille,
Sachiez que, qui vueille ou ne vueille,
Moult très liement li ottroy[10]
1052 De la joie don et ottroy.
Mais c’est toudis sauve l’onneur[11]
Des dames et sans deshonneur ;
Car a nul fuer n’ottrieroie
1056 Joie a nul amant ne donroie[12]
Dont dame fust deshonnourée ;
Eins vueil que l’onneur soit sauvée[13]
Des dames, quel part que ce soit.
1060 Et s’aucuns autrement faisoit,

  1. D doloir
  2. KJ deffendront, D deffront
  3. E leur noble au.
  4. M Ses
  5. E maintiennent
  6. J gentil ynel
  7. joie manque dans F
  8. E Que laim
  9. D Pour lui que riens
  10. D Mon ; E Mon cuer tresliement
  11. E saine Ion.
  12. E deuroie
  13. A gardée.