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20 LE DIT DOU VERGIER


Ymaginé et conceü,
J’en os en moy moult grant frëour[1]
196 Pour le feu, doubtance et paour,
Qu’adès vraiement me sambloit
Que vers moy lancier le voloit.
Pour ce ne savoie que faire,
200 D’aler avant ou d’arrier traire.[2]
Mais je m’avisay toute voie
Que vers la compaingnie iroie,
Pour ce que savoir de leur estre
204 Voloie, et que ce pooit estre
Dou damoisel qui se sëoit
Seur Tarbre et goûte ne vëoit.

Adont ne demouray je pas,
208 Einsois vers euls le petit pas
Tout couvertement m’en alay.
Et quant je vin près, je parlay[3]
Et les saluay sans demeure.
212 Mais cils qui sëoit au deseure[4]
Seur l’arbre entreprist le parler
Et encommença a parler,[5]
Et me rendi si doucement[6]
216 Mon salu, que le hardement[7]
Qui estoit en moy tous perdus[8]
Me fu par son parler rendus.[9]
Lors li priay je sans attendre
220 Qu’il me vosist dire et apprendre
Comment appeller le saroie.
Car durement le desiroie.
Et pourquoy il ne vëoit goûte,

  1. K Jeus en moy
  2. K ou arrier
  3. KJ si parlay
  4. D qui se seoit d.
  5. E Et commença ; D Et commençai ; KJ Et com. lors a p.
  6. FM moult d.
  7. E hardiement
  8. D tout
  9. J fut.