Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tait des paroles décousues : « Dieu, — Les anges du Seigneur, — Les plaies bénies », — paroles larmoyantes et tremblantes, qui cherchaient à peindre la sincérité de la foi, et l’immensité de la douleur. Mais la promesse de la jambe ne sortait toujours pas. Quelquefois, son âme, comme une personne qui concentre ses forces afin de sauter un fossé, considérait longuement la mort de l’épouse, et se contorsionnait dans la douleur que cette mort allait lui causer. Mais sur le bord du fossé, au moment de l’élan, elle reculait. La monnaie émergeait d’elle, et la promesse demeurait dans le cœur de l’avare.

Le temps passait. L’hallucination croissait, car la monnaie, accélérant et redoublant ses pirouettes, se multipliait elle-même, et paraissait une infinité de pièces. Et le conflit devenait de plus en plus tragique. Soudain, la pensée que sa femme pouvait être en train d’expirer gela le sang du pauvre diable, et il voulut se précipiter. Elle se mourait, peut-être, il me demandait d’intercéder pour elle, de la sauver.

ici, le démon de l’avarice lui suggéra une transaction nouvelle, un changement de numéraire, en lui soufflant que la valeur de l’oraison