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— Bon. Il s’agenouilla et pria.

Il pria. Pendant son oraison, je vis la pauvre âme, qui souffrait vraiment, bien que l’espérance commençât déjà à se transformer en certitude intuitive. Dieu sauverait la malade forcément, grâce à mon intervention, et j’allais intercéder. C’est ce qu’il pensait tandis que ses lèvres répétaient les paroles jaculatoires. Après avoir achevé l’oraison, Sales demeura quelque temps en contemplation, conservant toujours les mains jointes. Enfin sa bouche parla ; elle parla pour confesser sa douleur, pour jurer qu’aucune main, si ce n’était la main divine, ne pouvait parer le coup. Sa femme allait mourir… mourir… elle allait mourir… Et il répétait les mêmes mots, sans en sortir. Sa femme allait mourir. Il n’allait pas plus avant. Au moment de formuler la demande et la promesse, il ne trouvait pas les paroles convenables, ni approximatives, ni même douteuses, il ne trouvait rien, tant il était peu accoutumé à donner quelque chose. Enfin, la demande sortit. Sa femme allait mourir ; il me suppliait de la sauver, de demander cette grâce au Seigneur. Quant à la promesse, elle ne pouvait passer.