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Baptiste et de saint François de Sales. Je ne puis décrire ce que je ressentis. Pendant quelques instants, que je ne saurais calculer, je demeurai sans avancer ni reculer, tremblant, et les cheveux hérissés. Sans aucun doute je côtoyai alors l’abîme de la folie ; et si je n’y tombai point, ce fut par la protection divine. Que je perdis la conscience de moi-même et de tout ce qui n’était pas la réalité présente, si nouvelle et inattendue, cela, je puis l’affirmer. Ce n’est qu’ainsi que je puis expliquer la témérité qui me poussa un moment après à entrer plus avant dans l’église, afin de regarder aussi de l’autre côté. J’y contemplai un spectacle identique : saint François de Sales et saint Jean descendus de leurs niches, assis sur leurs autels, et conversant avec les autres saints.

Telle avait été ma stupeur qu’ils continuèrent à parler, je crois, sans que j’entendisse même le bruit de leurs voix. Peu à peu, la faculté de percevoir me revint, et je compris qu’ils n’avaient pas interrompu leur conversation. Je l’entendais ; je distinguais clairement les paroles, sans pourtant en deviner immédiatement le sens. Un des saints parlait du côté du