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Le plus tôt sera le mieux, pensa-t-il ; je ne puis demeurer dans cette perplexité.

Mais le trot même du cheval augmenta son émoi. Le temps volait. Encore un instant, et il serait en face du péril. Presque au bout de la rue de la Guarda-Velha, le fiacre dut s’arrêter. La rue était barrée par une charrette renversée. Camille, en lui-même, se félicita de l’obstacle, et attendit. Au bout de cinq minutes, il remarqua à son côté, à droite, devant le fiacre, la maison de la tireuse de cartes à qui Rita s’était adressée et jamais il ne désira tant croire aux prophéties. Il regarda ; il vit les fenêtres closes, alors que toutes les autres étaient ouvertes, encadrant les curieux qui considéraient les incidents de la rue. On eût dit la demeure de l’indifférent destin.

Camille s’enfonça dans le fiacre pour ne plus rien voir. Son agitation était extraordinaire ; du fond des couches morales de sa conscience, émergeaient quelques fantômes d’un autre temps, de vieilles croyances, d’anciennes superstitions. Le cocher lui proposa de revenir sur leurs pas et de prendre par un autre chemin. Il répondit que non, qu’il attendrait. Et il se