Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Camille ne fut pas plus rassuré pour cela. Il craignait que l’anonyme ne s’adressât à Villela, car la catastrophe serait alors inévitable. Rita avouait qu’elle pouvait, en effet, se produire.

— Bon ! dit-elle. J’emporte les enveloppes pour confronter l’écriture avec celle des lettres qui pourraient lui être envoyées. S’il s’en présente une de calligraphie identique, je la garde et je la déchire.

Aucune ne vint. Mais, peu de temps après, Villela commença à se montrer sombre, parlant peu, comme s’il se défiait. Rita s’empressa d’aviser l’autre, et ils délibérèrent. Son opinion, à elle, était qu’il devait retourner chez eux, pressentir le mari ; peut-être recevrait-il de lui la confidence de quelque circonstance particulière.

Camille pensait diversement. Reparaître après tant de mois, c’était confirmer la dénonciation ou les soupçons. Mieux valait prendre garde, faire un sacrifice durant quelques semaines. Ils combinèrent les moyens de correspondre en cas d’urgence, et se séparèrent avec des larmes.

Le jour suivant, comme Camille se trouvait à son ministère, il reçut de Villela le billet suivant : « Viens immédiatement chez nous ; j’ai