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due les rendit intimes. Peu après, la mère de Camille mourut, et, dans ce désastre (c’en fut un vraiment), Villela et Rita entourèrent Camille de leur amitié. L’un s’occupa de l’enterrement, des messes et de l’inventaire, l’autre soigna le cœur du jeune homme, et personne ne s’entendait mieux à cela.

Comment ils en arrivèrent à l’amour, il ne le sut jamais. En vérité, il se plaisait à passer les heures près d’elle. Elle était son infirmière morale, presque une sœur, mais surtout elle était femme et jolie. L’odor de femina : voilà ce qu’il respirait d’elle, autour d’elle, ce dont il s’imprégnait. Ils lisaient les mêmes livres, allaient ensemble au théâtre et à la promenade. Camille lui enseignait les dames, les échecs, et ils y jouaient, la nuit : — elle mal, — lui un peu moins mal, et pour lui être agréable : voilà pour l’ambiance. Quant à l’action personnelle, les yeux insistants de Rita, qui cherchaient souvent les siens, qui le consultaient avant le mari, les mains glacées, les altitudes insolites… Un jour d’anniversaire, il reçut de Villela une jolie canne en cadeau, et de Rita, une simple carte de visite, avec un compliment écrit au crayon,