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continuer sa tâche. Il prend la plume, la trempe dans l’encre et l’approche du papier en se demandant quel adjectif il accolera au substantif.

Les soupirants sont justement tout près l’un de l’autre. Les voix s’élèvent ; l’enthousiasme grandit, tout le cantique passe par leurs lèvres enfiévrées. Phrases allègres, anecdotes de sacristie, caricatures, facéties, aspects bizarres et disparates, rien ne les retient. Ils ne sourient même pas. Ils vont, ils vont ; l’espace qui les sépare diminue. Demeurez, profils à demi effacés de bonnes gens ridicules qui firent rire le chanoine, et qu’il a totalement oubliés, controverses, vieilles charades, règles de jeux de cartes, et vous aussi, cellules d’idées nouvelles, esquisses de conceptions, poussière qui formerez une pyramide, demeurez, attendez, désespérez, vous leur importez peu ; ils s’aiment et se cherchent.

Ils se cherchent et se trouvent enfin. Sylvius a rencontré Sylvie. Ils s’aperçoivent ; ils tombent dans les bras l’un de l’autre, haletants, mais bien payés de leurs peines. Ils se joignent, entrelacent leurs bras, et remontent tout palpi-