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mon seigneur et père. » Toute la nature semble applaudir au retour de ce galérien de l’esprit. Lui-même est enchanté ; il porte ses regards sur l’espace, leur permet de se repaître du frais aspect des feuillages, tandis qu’il écoute le chant d’un oiseau ou les accords d’un piano. Ensuite, il s’adresse au perroquet, appelle le jardinier, se mouche, se frotte les mains, s’étire, sans plus se soucier de Sylvius et de Sylvie.

Mais Sylvius et Sylvie se soucient l’un de l’autre. Tandis que le chanoine s’occupe de tout autre chose, ils continuent à se chercher sans qu’il se doute absolument de rien. Maintenant, le chemin est obscur ; nous passons du domaine de la conscience à celui de l’inconscient, où se fait l’élaboration confuse des idées ; les réminiscences y dorment ou y sont plongées dans un demi-sommeil. La vie informe, la multitude des germes et des détritus, des rudiments et des sédiments pullule dans ce grenier immense de l’esprit. C’est ici que sont tombés les deux soupirants, s’appelant, à la recherche l’un de l’autre. Donnez-moi la main, lectrice, accrochez-vous à moi, lecteur, et laissons-nous glisser aussi.