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lement une épithète, — lui offre ses charmes juvéniles ou surannés ; mais non, ce n’est point elle qu’il attend : elle, l’unique, destinée ab eterno à cette union. Et Sylvius continue sa route, à la recherche de la prédestinée. Vous pouvez passer, yeux de toutes couleurs, corps de toutes formes, cheveux empruntés à la chevelure du soleil ou à celle de la nuit. Vous mourez sans écho, cantilènes soupirées aux accords de l’éternel violon. Sylvius ne veut point d’un amour quelconque, adventice et anonyme ; il lui faut un certain amour, nominal et prédestiné.

Tu t’effraies, lecteur : il n’y a pas de quoi. C’est seulement le chanoine qui se lève, va à la fenêtre et s’y accoude pour se reposer de l’effort. Il regarde ; il oublie le sermon et le reste. Le perroquet, sur son perchoir, lui adresse, du rebord de la fenêtre, les paroles accoutumées, et dans la cour, le dindon enfle son plumage au soleil du matin. Le soleil lui-même, reconnaissant le chanoine, charge un de ses fidèles rayons de lui présenter ses hommages. Et le rayon s’arrête à la fenêtre, et dit : « Illustre chanoine, je vous apporte les compliments de