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une fête prochaine. Plongé comme il l’était dans la méditation d’une grande œuvre spirituelle arrivée par le dernier vapeur, il a d’abord refusé ; puis il a cédé aux instances.

— Monsieur l’abbé, ce sera pour vous un jeu, a dit le principal ordonnateur de la fête.

Mathias a souri d’une façon douce et discrète, comme doivent sourire les ecclésiastiques et les diplomates. Les ordonnateurs se sont retirés avec de grands gestes de vénération, pour aller annoncer la solennité dans les journaux, en faisant ressortir que le chanoine Mathias, « un des ornements du clergé brésilien », prêcherait à l’évangile. Cet « ornement du clergé » a fait perdre au chanoine l’envie de se mettre à table pour déjeuner, quand il a lu l’entrefilet, le matin, et c’est uniquement pour faire honneur à sa parole qu’il a commencé à écrire le sermon. D’abord, l’élan lui manqua. Mais au bout de quelques minutes, le travail lui devint agréable. L’inspiration, les yeux fixés au ciel, la méditation, les yeux abaissés vers la terre, se tiennent de chaque côté de sa chaise, se penchant sur le dossier pour dire au chanoine mille choses mystiques et graves. Mathias écrit, tantôt vite,