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d’Abrantès et de Maranguape, Ses conseillers raisonneurs, son Pestaña amoureux d’une poitrinaire et qui cherche l’âme sœur, ses matrones en crinoline, l’intimité et l’hospitalité d’un autre temps, tout cela marquerait une époque, s’il ne s’était donné la peine de nous fournir scrupuleusement des dates. Comme il était indifférent à la nature, ses paysages sont quelconques ; soucieux des caractères, il a su les particulariser par les actes de ses personnages.

Les antithèses et les contrastes se présentent naturellement sous sa plume, comme dans la vie. Ils ne sont ni recherchés, ni forcés. Ils naissent souvent de l’éternel optimisme ancré au cœur de l’homme, en opposition aux rigueurs aveugles de l’existence, et d’une façon générale de l’instabilité de nos idées et de leur discordance des faits. Et puis, le hasard a ses ironies : dans un moment de rage, et aussi pour se défendre, un infirmier serre un peu trop à la gorge le malade atrabilaire qui lui est confié et qui meurt sous l’étreinte. On ouvre le testament, c’est le meurtrier qui hérite. Il a d’abord quelques scru-