Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/323

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce soir-là, Venancinha défila son chapelet, dès que sa tante lui eut arraché la première confidence. Elle l’avait rencontré aux courses, peu de jours après qu’il était revenu d’Europe. Quinze jours après, on le lui avait présenté au bal, et elle l’avait trouvé si bien, l’air si parisien, que le lendemain matin, elle avait parlé de lui à son mari. Conrado fronça le sourcil, et ce geste fut pour elle une révélation. Elle revit Vasco, avec plaisir d’abord, et bientôt avec trouble. Il lui parlait respectueusement, lui disait d’aimables choses : qu’elle était la plus jolie femme de Rio, la plus élégante, qu’à Paris même, il avait entendu faire son éloge, chez les Alvarenga. Il était mordant et satirique, et trouvait comme personne le mot qui porte. Il ne lui parlait pas d’amour, mais il la poursuivait de ses regards, et malgré tous ses efforts elle ne pouvait lui dérober complètement les siens. Elle se prit à penser à lui souvent, avec intérêt ; quand ils se rencontraient, le cœur lui battait. Il se peut bien qu’il ait lu alors sur son visage l’impression qu’il lui causait.

Dona Paula, penchée vers elle, écoutait cette narration, qui est ici simplement résumée et