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venait de voir la jeune femme verser des larmes sincères ; elle l’avait laissée consternée, parlant de mourir, toute meurtrie des dures paroles qu’il lui avait dites. Et puisque, après tout, il ne l’accusait que de légèreté, pourquoi ne point procéder avec douceur et prudence, par des conseils et des observations, en lui évitant les tentations, en lui montrant le tort que portent à la réputation d’une femme mariée les apparences d’excessive sympathie envers les hommes ?

Elle mit vingt minutes au moins, la bonne dame, pour dire toutes ces choses sensées, avec tant de tact que son neveu sentit son cœur s’amollir. Il résistait encore pour la forme ; deux ou trois fois, ne voulant pas glisser à l’indulgence, il déclara qu’entre Venancinha et lui tout était fini. Et pour s’endurcir dans sa résolution, il évoquait les griefs qu’il avait contre elle. La tante baissait la tête, laissait passer l’orage, et se redressait en fixant l’avocat de ses grands yeux sagaces et obstinés. Conrado perdait du terrain. Alors dona Paula proposa un moyen terme :

— Vous allez lui pardonner. La paix une fois faite, je l’emmène avec moi à la Tijuca.