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ler la porte du salon, et revint s’asseoir sur le canapé. Au bout de quelques minutes, Venancinha cessa de pleurer, et se laissa aller aux confidences.

Il ne s’agissait rien moins que d’une brouille avec son mari ; mais d’une brouille si violente qu’ils en étaient arrivés à parler de séparation. Affaire de jalousies. Il y avait déjà longtemps que son mari avait pris quelqu’un en grippe à cause d’elle. La veille au soir, en la voyant danser deux fois et causer durant quelques minutes avec cette personne, il en avait conclu que tous deux s’aimaient. Il se montra boudeur au retour, puis, ce matin même, après le déjeuner, il lui avait fait une scène, lui avait dit des choses dures et cruelles auxquelles elle avait répondu par d’autres du même genre.

— Où est-il, ton mari ? lui demanda sa tante.

— Il est sorti ; il doit être allé à son bureau.

Dona Paula lui demanda encore s’il avait toujours son cabinet au même endroit, et lui dit d’avoir confiance, que ce ne serait rien. « D’ici deux heures, tout sera arrangé. » Et elle enfilait ses gants à la hâte.

— Vous allez le voir, ma tante ?