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frou des jupes, elle est arrivée devant le salon, en a ouvert la porte, et est entrée.

— Qu’est-ce que cela veut dire ? s’écrie-t-elle.

Venancinha se jeta dans ses bras, et ses larmes recommencèrent à couler. Sa tante la couvrait de caresses, lui disait de tendres paroles de réconfort, et finit par lui demander de lui conter ses peines.

— Es-tu malade ? ou…

— Plût au ciel que je fusse malade ! plût au ciel que je fusse morte ! interrompit la jeune femme.

— Ne dis donc pas de bêtises. Mais enfin, de quoi s’agit-il ? allons ! que t’est-il arrivé ?

Venancinha essuya ses pleurs et essaya de parler ; mais à peine avait-elle proféré cinq ou six paroles que les larmes reparurent, si abondantes et si impétueuses que dona Paula trouva bon de les laisser couler tout d’abord. Elle mit le temps à profit, en retirant sa mante de dentelle noire et ses gants. C’était une agréable vieille, élégante, et dont les larges prunelles avaient sans doute eu naguère des profondeurs infinies. Pour laisser à sa nièce le temps d’épuiser ses larmes, elle alla soigneusement verrouil-