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de couture. On n’entendait que le plic-plic-plic de l’aiguille. Au coucher du soleil, la couturière plia l’étoffe, jusqu’au matin suivant. Au bout de quatre jours, le travail était achevé et il n’y eut plus qu’à attendre le bal.

Ce soir-là, la baronne se mit en grande toilette. La couturière, qui l’aidait à s’habiller, portait l’aiguille piquée à son corsage, au cas qu’il fût nécessaire de faire une reprise. Et tandis qu’elle arrangeait la robe de la belle dame, qu’elle tirait d’un côté, de l’autre, qu’elle relevait par-ci ou par-là, lissant, boutonnant, le fil, pour se moquer de l’aiguille, lui demanda :

— Me direz-vous maintenant qui est-ce qui va au bal, sur le corps de la baronne, faisant partie de son vêtement et de son élégance ? Qui est-ce qui va danser avec des ministres et des diplomates, tandis que vous retournerez dans le panier à ouvrage, en attendant que les servantes vous poussent dans la boîte à ordures ! Allons, dites !…

L’aiguille ne répondit rien, paraît-il. Mais une épingle à grande tête, et de non moins grande expérience, murmura tout bas : « Voilà qui t’apprendra, bêtasse. Tu t’es fatiguée à ou-