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se grattait les genoux et le nez. Peut-être se repentait-il de sa délation. Et au fait, pourquoi nous avoir dénoncé ? Lui avions-nous pris quelque chose ?

— Ce que tu vas me le payer !… raide comme fer, me disais-je.

L’heure de la sortie arriva. Nous partîmes. Il marchait devant, à la hâte. Je ne voulais pas choisir pour théâtre de la lutte la rue do Costa et le voisinage de l’école. J’attendais que nous fussions dans la rue de S. Joaquim. Mais au détour de la voie, je ne l’aperçus plus. Il devait s’être caché dans quelque magasin ou dans quelque corridor. J’entrai dans une pharmacie, j’examinai les autres maisons, je m’informai du fuyard, personne ne sut me répondre. Dans l’après-midi, il manqua la classe.

Naturellement, je me gardai bien de raconter chez moi mon aventure. Pour expliquer l’enflure de mes mains, je dus mentir à ma mère, et lui dire que je n’avais pas su la leçon. Je m’endormis, le soir, en envoyant à tous les diables mes deux camarades, la délation et la pièce de monnaie. Elle m’apparut en songe. Je rêvai qu’en retournant le jour suivant à l’école, je l’avais