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enseigner la leçon aux autres ? me dit Polycarpe.

— Moi…

— Rendez-moi la monnaie que votre condisciple vous a donnée.

Je n’obéis pas tout de suite, mais il me fut impossible de nier. Je tremblais de toutes mes vertèbres. Polycarpe hurla de nouveau qu’il lui fallait la monnaie, et je n’eus plus le courage de résister. Je mis lentement la main dans ma poche, je tirai la pièce, je la lui remis. Il l’examina sous ses deux faces, en écumant de rage. Ensuite, d’un large geste, il la jeta dans la rue. Nous en dit-il alors des injures !… Son fils et moi, nous venions de pratiquer une action basse, ignoble, indigne, une vilenie. Il fallait un châtiment et un exemple. Et il s’empara de la férule.

— Pardon ! Monsieur, m’écriai-je en sanglotant.

— Pas de pardon. Allons ! la main !… plus vite que ça, espèce de sans-vergogne, la main !…

— Monsieur…

— Plus tu tarderas, et plus il l’en coûtera.

Je tendis la main droite, puis la gauche, et je reçus les coups les uns sur les autres, jusqu’à douze. Mes deux paumes étaient rouges et tumé-