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mes explications aient laissé à désirer ; c’était, sans aucun doute, le motif de sa proposition. Le pauvre diable comptait sur le service ; mais il voulait le rendre plus efficace, et c’est ainsi qu’il eut recours à la monnaie que sa mère lui avait donnée, et qu’il conservait comme une relique ou un jouet. Il eut recours à elle, me la montra, la frotta sur mon genou pour me tenter… Vraiment elle était jolie, fine, blanche, très blanche. Elle me paraissait telle, à moi qui n’avais jamais dans la poche, quand par hasard il s’y trouvait quelque chose, que des monnaies de cuivre, grossières et oxydées.

J’hésitais à la recevoir ; il m’en coûtait de la refuser. Je reportai mes regards sur le maître d’école, qui continuait à lire, la goutte au nez, tant il était absorbé. « Allons, la prendras-tu, me disait tout bas son fils. Et, entre ses doigts, la monnaie brillait comme un diamant. — Ah ! bah ! si le maître n’y voit rien, quel mal y a-t-il ? Et comment aurait-il vu quelque chose ? Il était plongé dans la lecture de ses journaux, lisant avec feu, avec indignation.

— Prends, prends.

Je lançai un coup d’œil autour de moi, et je