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rais un passage de la leçon de syntaxe. Il n’y avait rien compris, il avait peur de son père. Et pour terminer il me frotta le genou avec sa monnaie…

J’éprouvais une étrange sensation. Certes, je n’avais pas une dose de vertu au-dessus de mon âge, et il ne m’en coûtait guère de recourir à des mensonges enfantins. Nous nous entendions fort bien à tromper notre professeur. Toute la nouveauté résidait dans les termes de la proposition, dans le troc d’une leçon contre de l’argent, dans cet achat positif : donnant, donnant. Tel fut le motif de mon émotion. Je regardais mon condisciple, bêtement, sans rien dire. Naturellement, le passage de la leçon devait être difficile ; Raymundo, n’ayant pu s’en sortir tout seul, recourait à un stratagème qui lui permettait d’échapper au courroux paternel. S’il m’eût demandé l’explication par simple faveur, il l’aurait obtenue comme les autres fois. Mais il agissait justement poussé par le souvenir du passé. Il craignait de me trouver mal disposé ou fatigué, et de ne pouvoir apprendre au gré de ses désirs.

Il est fort possible qu’en d’autres circonstances