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situer ses personnages tout au moins dans le temps. C’est chez lui une manie. Même quand il n’a aucun intérêt à donner des dates, il tient à vous faire savoir que son récit commence telle année et tel mois. Les lieux mêmes ne lui sont pas indifférents, et, s’il est incapable de donner une impression pittoresque d’une rue ou d’un endroit quelconque, il vous le cite tout de même, en vous laissant le soin d’y aller voir. Mais ne l’eût-il pas fait que ses personnages porteraient encore l’empreinte de leur temps et du milieu où ils ont vécu ; et si, brisant le cadre, ils s’amplifient dans l’espace et dans la durée, s’ils deviennent non pas généraux mais représentatifs, non pas universellement mais collectivement humains, c’est d’abord parce que l’auteur les a vus évoluer dans une très stricte réalité.

« Est-ce que par hasard », continue M. Oliveira Lima, « Harpagon, Alceste, M. Jourdain, Célimène, dans la littérature française, sont des caractères du xviie siècle ? La préoccupation du synchronisme dominait-elle Molière ? Ne sont-ce pas plutôt les types de son théâtre immortel