Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/288

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tendre encore un peu. J’avoue que ma curiosité s’allumait. Je regardai Curvello. Il était aux écoutes. Ce pouvait être par curiosité vague, par naturelle indiscrétion. Mais il pouvait aussi y avoir quelque chose entre les deux. Ce Curvello était un assez méchant drôle. Il avait onze ans ; il était plus âgé que nous.

Que pouvait bien me vouloir Raymundo ? J’étais inquiet, je m’agitais sur mon banc ? j’interrogeais, à voix basse, avec insistance : — De quoi s’agissait-il. Personne ne s’occupe de nous. Ou bien alors veux-tu, cet après-midi ?

— Cet après-midi, interrompit-il ; ah ! non, par exemple…

— Maintenant, alors…

— Papa nous regarde.

Il nous regardait en effet. Comme il était plus sévère pour son fils, il levait souvent les yeux sur lui pour le tenir en haleine. Mais nous n’étions pas bêtes non plus. Nous fourrâmes nos nez dans nos livres, et nous continuâmes à lire. Enfin, fatigué de nous observer, le maître prit les journaux du jour, trois ou quatre feuilles qu’il lisait lentement, en ruminant les idées et les passions qui en émanaient. N’ou-