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humain. Pour comble, j’aperçus au travers des vitres, dans le ciel limpide et bleu, un cerf-volant en papier qui planait majestueusement sur la colline de Livramento. Quel beau spectacle ; je le regardais flotter dans l’air, retenu par une ficelle immense, tandis qu’il me fallait rester assis, les jambes collées avec un livre de lecture et une grammaire sur les genoux.

— Ai-je été assez bête de venir ! dis-je à Raymundo.

— Ne dis pas cela, murmura-t-il.

Je le regardai ; il était pâle. Alors je me rappelai qu’il avait quelque chose à me demander, et le priai de s’expliquer. Il tressaillit de nouveau, et me dit rapidement d’attendre un peu. Il s’agissait de quelque chose de tout particulier.

— Monsieur Pilar… murmura-t-il au bout de quelques minutes.

— Qu’y a-t-il ?

— Vous…

— Moi… quoi ?…

Il regarda son père, puis quelques-uns de nos condisciples. L’un d’eux, nommé Curvello, le surveillait avec défiance, et Raymundo, qui avait remarqué cette circonstance, me pria d’at-