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don et de tendresse réciproques. Il ne manquait que la crise finale, l’intervention courageuse de la mère de Marianna qui, mise au courant de leur idylle, s’était interposée entre eux et les avait séparés. Marianna voulut mourir, prit même une dose de poison, et seul le désespoir de sa mère la rendit à la vie. Xavier se trouvait alors dans la province de Rio. On lui dit que sa femme s’était trompée de médicament et avait failli être victime de cette erreur. Ce fut en vain qu’Évariste essaya de la voir avant de s’embarquer.

— Allons, dit-il au domestique qui l’attendait.

Xavier se trouvait dans la chambre voisine, étendu sur un canapé. Sa femme et quelques visiteurs se tenaient auprès de lui. Quelle ne fut pas, en entrant, l’émotion d’Évariste ! Le silence régnait dans la demi-clarté. Marianna tenait dans ses mains les mains du malade ; elle l’observait, craignant la mort subite, ou tout au moins une crise. Ce fut à peine si elle leva les yeux sur le visiteur et lui tendit la main. Elle reporta ses regards sur son mari, dont le visage portait l’empreinte de longues souffrances, et dont la respiration semblait l’ouverture du grand