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II


Quelques jours après, il descendait de voiture à la porte de Marianna, et donnait sa carte au domestique qui lui ouvrit la porte.

Tandis qu’il attendait, il promena autour de lui un regard circulaire, et demeura saisi. Les meubles n’avaient pas changé depuis dix-huit ans. Sa mémoire, qui n’aurait pu les reconstituer dans l’absence, les reconnut tous et les retrouva tous, immuables. Ils avaient un aspect de vétusté. Les fleurs même d’un grand vase, qui se trouvait sur une console, avaient déteint avec le temps. C’était comme des os dispersés, que l’imagination pouvait réunir pour restaurer une figure, à laquelle il ne manquerait que l’âme.

Mais l’âme était présente. Pendant du mur, au-dessus du canapé, voici le portrait de Marianna, peint quand elle avait vingt-cinq ans.