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encore, en descendant la rue da Assemblea. Elle est peut-être morte… Si elle vit encore, elle doit être bien changée ; elle a dans les quarante-cinq ans… et même quarante-huit ; elle est plus jeune que moi de quelque cinq ans… La belle femme ! la superbe femme ! grandes et belles amours !

Il eut envie de la voir. Il s’informa discrètement. Il sut qu’elle demeurait toujours dans la même maison, rue d’Engenho Velho, où il l’avait laissée. Mais depuis plusieurs mois, elle ne sortait plus, ne quittait plus son mari, qui était malade, et, disait-on même, à l’extrémité.

— Elle aussi doit être l’ombre d’elle-même, dit Évariste à l’ami qui lui donnait ces informations.

— Mon Dieu ! non. La dernière fois que je l’ai vue, je l’ai trouvée bien disposée. On ne lui aurait pas donné plus de quarante ans. Et puis voulez-vous savoir ? on trouve aujourd’hui des roses magnifiques ; mais quant à nos cèdres de 1860 et de 1865, l’espèce en est éteinte.

— Que non !… si vous ne les voyez pas, c’est que déjà vous ne faites plus l’ascension du Liban, repartit Évariste.