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plus les journaux d’ici ; un étudiant pauvre de Bahia allait les lui emprunter, et lui redisait ensuite les nouvelles les plus importantes. En novembre 1889, voilà qu’un reporter parisien entre chez lui, parle de la révolution de Rio-Janeiro, lui demande des informations politiques, sociales, biographiques. Évariste réfléchit.

— Mon cher Monsieur, dit-il au reporter, il vaut mieux que j’aille les chercher moi-même.

Comme il n’avait ni opinion, ni parti, ni proches parents, ni intérêts au Brésil (tous ses biens étaient en Europe), on s’explique mal la résolution d’Évariste, dictée par la simple curiosité. Elle n’eut cependant pas d’autre motif. Il voulut contempler le Brésil sous un nouvel aspect. Une comédie d’un de ses amis venait d’être reçue à l’Odéon. Il s’informa de la date de la première représentation, calcula qu’en partant par le premier vapeur et en revenant par le troisième paquebot il aurait le temps d’être de retour pour acheter des billets et s’asseoir au parterre. Il fit ses malles, partit pour Bordeaux et s’embarqua.

— Qu’est devenue Marianna ? répétait-il