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çât l’intrus à la retraite. Mais la douleur ne vint pas. L’animal paraissait de plus en plus dispos, et la salle de plus en plus fascinée par lui. Jeannette elle-même, si timide d’habitude, vibrait dans les mains de Queiroz, autant que les autres jeunes filles ; et tous, hommes et femmes, paraissaient se faire un devoir et un plaisir de lui être agréable. Il parla de danser : aussitôt les jeunes filles allèrent trouver l’oncle Rufino en le priant de jouer un quadrille sur la flûte, un seul ; on ne lui en demandait pas davantage.

— Impossible, j’ai un cor qui me fait mal.

— Jouer de la flûte ? s’écria Calixte. Demandez à Queiroz, et vous allez voir ce que c’est que jouer de la flûte… Allez chercher votre flûte, Rufino. Vous allez entendre Queiroz. Vous ne pouvez vous figurer comme il en joue d’une façon langoureuse.

Queiroz joua Casta Diva.

Quelle musique ridicule, pensait Rangel, — une musique que les gamins sifflent dans la rue. Il regardait l’amateur de travers, en se demandant comment un homme sérieux pouvait prendre une semblable attitude ; et il conclut que la flûte était un instrument grotesque. Il