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tage. La nuit est si longue ! et il continue à lire les oracles avec la solennité d’un augure.

Autour de lui, tout est allégresse. On chuchote, on rit, tous parlent en même temps. L’oncle Rufino, qui est le gavroche de la famille, chatouille à la ronde, avec une plume, les oreilles des jeunes filles. Jean Viegas attend impatiemment un ami qui s’attarde. « Calixte, où donc est Calixte ? »

Allons, qu’on déménage ! nous avons besoin de la table ; passez au salon.

C’était dona Adélaïde qui rentrait. On allait mettre le couvert pour le souper. Ce fut une émigration générale qui permit d’apprécier la gracieuse démarche de la fille du greffier. Rangel l’accompagna en lui lançant de longs regards amoureux. Elle s’approcha de la fenêtre pendant quelques instants, tandis qu’on se préparait aux petits jeux, et il la rejoignit. L’occasion était propice pour lui glisser le billet.

En face, dans une maison de belle apparence, il y avait bal, et l’on dansait. Il regardait ; elle regardait aussi. Par les fenêtres, on voyait passer les couples en cadence, les dames, couvertes de soie et de dentelles, les hommes fins