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méchant, et n’exigez pas que la rue ait le parfum de la rose. Vous m’avez demandé un document humain ; le voici. Ne me demandez point par-dessus le marché l’empire du Grand-Mogol, ni la photographie des Macchabées. Demandez, si vous voulez, mes souliers de défunt, je ne les donnerai à personne d’autre.

Cela se passe en 1860, vous le savez déjà. L’année d’avant, vers le mois d’août, ayant alors quarante-deux ans, je me fis théologien, c’est-à-dire que je copiais les œuvres de théologie d’un prêtre de Nitheroy, ancien compagnon de collège, qui me fournissait ainsi d’une manière délicate le vivre et le couvert. Dans le courant de ce mois d’août de 1859, il reçut une lettre d’un vicaire de province qui lui demandait s’il connaîtrait une personne entendue, discrète et patiente pour servir d’infirmier au colonel Felisberto, moyennant de bons appointements. Le prêtre me consulta, et j’acceptai la place avec enthousiasme, car j’en avais déjà par-dessus la tête de copier des citations latines et des formules ecclésiastiques. J’allai à Rio prendre congé d’un mien frère, et je me rendis au village.