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L’Infirmier


Vous trouvez alors que le récit de ce qui m’est arrivé en 1860 mérite d’être imprimé ? Soit, mais à une condition : c’est que l’aventure ne sera divulguée qu’après ma mort. Vous n’attendrez pas longtemps, huit jours au plus ; moins sans doute, car je suis condamné.

J’aurais certainement pu vous narrer ma vie tout entière, car il y a d’autres faits intéressants ; mais il faudrait du temps, du courage et du papier, et je n’ai que du papier. Mon courage est affaibli, et quant au temps, il est pour moi comme la lumière d’une veilleuse aux approches du matin. Voici venir l’aurore du lendemain, un soleil de tous les diables, impénétrable comme la vie. Adieu, mon cher monsieur, lisez cela, et gardez-moi une petite place dans votre cœur. Pardonnez-moi, si je vous parais parfois