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corde divine ne s’arrêta point là ; elle fit surgir un jardin de délices, et les y mena, en les investissant de la toute-puissance sur tout ce qui s’y trouvait. L’un et l’autre tombèrent aux pieds du Seigneur, en versant des larmes de gratitude. « Vous habiterez ce lieu, dit Jéhovah, et vous mangerez de tous ces fruits, moins de ceux que produit cet arbre, qui est celui de la science du bien et du mal. »

Adam et Ève écoutèrent avec soumission ; et, dès qu’ils se trouvèrent seuls, ils se regardèrent mutuellement avec étonnement. Ève, avant que Dieu lui eût insufflé de bons sentiments, pensait à jouer un tour à Adam, et Adam ressentait d’impétueux désirs de la battre. Maintenant, ils se délectaient dans la contemplation l’un de l’autre, ou dans celle de la nature qui était splendide. Jamais, jusqu’alors, ils n’avaient vu des cieux aussi purs, des eaux aussi fraîches, des fleurs aussi délicates et aussi parfumées, et jamais, en aucun lieu, le soleil n’avait versé sur eux ces mêmes torrents de clarté. Et la main dans la main, ils parcoururent le jardin, en riant beaucoup pendant les premiers jours, attendu que jusqu’alors ils ne savaient point