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— Moi, Madame, je joue de la guitare[1] ; et il ne mentait pas, car, il en jouait, en effet, d’une façon remarquable, ainsi que de la harpe, et il y était passé maître, non moins qu’en théologie.

Le magistrat, consulté à son tour, répondit qu’il n’y avait pas lieu d’émettre une opinion, attendu que les choses s’étaient passées dans le Paradis Terrestre d’une façon toute différente de la narration du premier livre du Pentateuque, qui est apocryphe. Stupeur générale, rire du carmélite, qui connaissait le magistrat comme un des fidèles les plus croyants de la ville, et savait aussi qu’il était jovial et imaginatif, et même ami de la plaisanterie, pourvu qu’elle fût délicate et de bon ton, ne plaisantant d’ailleurs jamais sur les choses graves.

— Frère Bento, dit dona Leonor, faites taire M. Velloso.

— Je m’en garderai bien, répondit le religieux, car je sais qu’il saura donner aux choses leur véritable signification.

  1. C’est-à-dire, je me récuse ; il y a en portugais, sur l’expression « tocar viola », un jeu de mots intraduisible en français. (Note du traducteur.)