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sèrent... Maria Regina comprit que tout était fini.

La nuit où elle en arriva à cette conviction fut une des plus belles de l'année, nuit claire, fraîche, lumineuse. Il n’y avait pas de lune, mais notre amie haïssait la lune, il est difficile de savoir pourquoi : peut-être parce qu’elle a une clarté d’emprunt, peut-être parce que tout le monde l'admire, peut-être bien pour l'un et l'autre motif. C’était une de ses bizarreries ; en voici une autre.

Elle avait lu, le matin même, dans un entrefilet de journal, qu’il y a des étoiles doubles, qui nous donnent l'illusion d’être un seul astre. Au lieu d’aller dormir, elle s’accouda à la fenêtre de sa chambre, à regarder au ciel, pour voir si elle y découvrirait quelqu’une de ces étoiles. Vain effort. Ne la trouvant pas au firmament, elle la chercha en elle-même. Elle ferma les yeux pour s’imaginer le phénomène : astronomie facile et à bon marché, mais non exempte de péril. Elle a l’inconvénient de mettre les astres à la portée de la main. De telle sorte que si la personne ouvre les yeux, et les voit continuer à briller là-haut, grande est sa tristesse, et cer-