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reprit son mouchoir, et essuya elle-même la main tachée de sang.

Cette main était jolie, jolie comme son propriétaire.

Celui-ci paraissait moins préoccupé de sa blessure que du chiffonnement de ses manchettes. Tout en causant, il les regardait à la dérobée, et les rentrait. Maria Regina n’y prenait point garde ; elle ne voyait que lui, et l’acte qu’il venait de pratiquer, et qui lui mettait une auréole. Elle comprit que la nature généreuse du jeune homme avait fait un saut par-dessus ses habitudes de pose et d’élégance, pour arracher à la mort un enfant qu’ils ne connaissaient ni l’un ni l’autre. Ils s’entretinrent de l’aventure jusqu’à la porte de la maison de ces dames. Maciel refusa, avec des remerciements, la voiture qu’on mettait à sa disposition, et prit congé jusqu’au soir.

— À ce soir, répéta Maria Regina.

Elle l’attendit anxieuse. Il arriva vers huit heures, la main entourée d’un ruban noir, et il s’excusa de se présenter ainsi. Mais ces dames lui avaient dit qu’il était bon de prendre quelques précautions, et il avait obéi.

— Vous allez mieux !…