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rique d’oripeaux de moins bon aloi. La sobriété, les teintes douces, l’ironie bienveillante de Machado de Assis n’offusquaient personne. Les délicats s’y complurent ; les truculents n’y virent point un péril pour leur gloire. On lui pardonna d’abord, on acclama plus tard son talent.

De là à être un auteur populaire, il y a loin. Machado de Assis n’a rien de ce qui plaît au grand public. S’il se trouve souvent des situations fortes dans ses contes, il dédaigna d’en tirer parti, et répugna toujours aux sentiments outrés et aux ficelles banales.

La masse ne s’intéresse guère qu’aux situations, tandis qu’elles ne sont qu’un prétexte pour l’artiste. On peut faire presque mécaniquement du feuilleton industriel et du roman commercial, en dosant l’impression à produire sur les nerfs des gens peu cultivés et sensibles ; c’est une question de pression et d’engrenages, comme pour les automobiles. L’art véritable demeure toujours supérieur à l’expérience et aux formules.

Il y a toujours chez un auteur populaire, fût-il même un grand poète comme cela se voit, un