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dîner, de bons cigares, une bonne conversation, secondé d’ailleurs par sa femme qui était fort intéressante. La figure du mari n’avait pas changé ; les yeux conservaient la dureté froide d’une plaque de plomb ; les autres traits n’étaient pas devenus plus sympathiques que par le passé. Les attentions, toutefois, si elles ne rachetaient pas la nature, donnaient quelques compensations, et c’était déjà quelque chose. Maria Luiza possédait par contre les charmes de la personne et des manières. Elle était svelte, imposante, avec de tendres yeux soumis ; elle avait vingt-cinq ans et n’en paraissait que dix-neuf. La seconde fois que Garcia se rendit chez eux, il s’aperçut qu’il y avait entre les époux quelques dissonances de caractère, peu ou pas d’affinité morale, et, de la part de la femme envers le mari, une façon d’être qui dépassait le respect, et confinait à la résignation et à la crainte. Un jour qu’ils se trouvaient tous trois ensemble, Garcia demanda à Maria Luiza si elle était au fait des circonstances qui lui avaient fait connaître son mari.

— Non, répondit la jeune femme.