Page:Machado de Assis - Quelques contes.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Elle tremble encore…

— Et je ne vous ai pas tout dit. Je ne vous ai pas raconté mes contrariétés, ni la douleur et le dépit que je ressentis. Je me repentais amèrement de ne pas avoir provoqué cette déception dès les premières semaines ; mais la faute en était l’espérance, plante parasite, qui prend la place du bon grain. Au bout de cinq jours, je partis pour Itaborahy, où m’appelait l’inventaire de la succession paternelle. Quand je revins, trois semaines plus tard, je trouvai chez moi une lettre de Quintilia.

— Oh !

— Je me hâtai de l’ouvrir : elle datait de quatre jours. Elle faisait allusion aux derniers événements, et me disait des choses douces et graves. Quintilia m’affirmait que tous les jours elle m’avait attendu, ne supposant pas que je serais assez égoïste pour ne point retourner chez elle ; et elle m’écrivait pour me prier de faire de mes sentiments personnels, demeurés sans écho, une page d’une histoire achevée ; que l’ami tout seul allât voir son amie ! Et elle terminait par ces paroles singulières : « Voulez-vous une garantie ? Je vous jure de ne me ma-