valait rester amis comme par le passé. Je lui répondis qu’en moi l’amitié n’était, depuis longtemps, que la simple sentinelle de l’amour. Ne pouvant plus conserver mon secret, je l’avais laissé échapper. Quintilia sourit de la métaphore, ce dont je souffris, et sans motif ; elle, voyant l’effet produit, redevint sérieuse, et essaya de me persuader qu’il valait mieux ne pas nous marier : « Je suis vieille, me dit-elle ; je vais sur trente-trois ans. »
— Mais si je vous aime ainsi, répliquai-je ; et j’ajoutai un tas de choses qu’il me serait impossible de répéter maintenant. Quintilia réfléchit un instant ; ensuite elle insista pour que nos relations continuassent sur le ton de la simple amitié ; elle me dit que, bien que je fusse plus jeune qu’elle, j’avais la gravité d’un homme plus âgé, et qu’elle avait confiance en moi plus qu’en personne. Désespéré, je fis quelques pas, puis je m’assis de nouveau et lui racontai tout. Quand elle connut ma rivalité avec mon ami et ancien condisciple, et notre séparation, elle me parut ou contristée ou irritée. Elle nous blâma tous deux. À quoi bon se porter à cet excès ?