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au mariage. Deux mois après, je songeais qu’il était temps de me déclarer. Dona Anna était demeurée avec elle, et elles habitaient en ce moment Cosme Velho. Je m’y rendis, je les trouvai sur une terrasse, qui était tout auprès de la montagne. C’était un dimanche, sur les quatre heures. Dona Anna, qui voyait en nous deux amoureux, nous laissa le champ libre.

— Enfin !

— Sur la terrasse, endroit solitaire, et même agreste, je proférai la première parole. Mon plan était justement de tout précipiter, de peur que cinq minutes de conversation n’épuisassent mes forces. Même ainsi, vous ne sauriez croire ce qu’il m’en coûta ; une bataille m’aurait semblé préférable, et je vous jure pourtant que je ne suis point né pour la guerre. Mais cette femme maigrichonne et délicate m’imposait, comme aucune autre ne m’imposa, avant et après…

— Et alors !

— Quintilia avait deviné, par l’émotion qui se peignait sur mon visage, ce que j’allais lui demander ; et elle me laissa parler pour préparer sa réponse. Cette réponse fut interrogative et négative. Nous marier, pourquoi faire ! mieux