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comme si c’étaient les mêmes qu’autrefois. C’est la lyre qui résonne, et l’imagination fait le reste. Divine Quintilia !

— Elle s’appelait Quintilia ? J’ai connu de vue, quand je fréquentais l’école de médecine, une belle jeune fille qui portait ce nom. On la disait la plus belle de la ville.

— Ce devait être elle-même, car elle avait cette réputation. Maigre et haute.

— C’est cela. Qu’est-elle devenue ? — Elle est morte en 1859 ; le 20 avril. Jamais je n’oublierai cette date. Je vais vous raconter un cas intéressant pour moi, et pour vous aussi, je le crois. Voici la maison… voyez… Elle demeurait avec un oncle, chef d’escadre en retraite. Il possédait une autre maison à Cosme Velho. Quand j’ai connu Quintilia,… quel âge pensez-vous qu’elle avait, quand je l’ai connue ?

— Si c’était en 1855…

— En 1855.

— Elle devait avoir vingt ans.

— Elle en avait trente.

— Trente !

— Trente ans. Elle ne les paraissait pas, et