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quelques notes, jusqu’à ce qu’il allât dormir, vingt ou trente minutes plus tard.

Et les années passèrent, jusqu’en 1885. La renommée de Pestana lui avait donné définitivement la première place entre les compositeurs de polkas. Mais la première place dans sa bourgade ne contentait pas ce César qui continuait à préférer non seulement la seconde, mais même la centième à Rome. Il ressentit encore les alternatives d’un autre temps, au sujet de ses compositions. La différence, c’est qu’elles étaient moins violentes. Ni enthousiasme aux premières heures, ni horreur après la première semaine : un peu de plaisir, et un certain dégoût.

Cette année-là, il attrapa une petite fièvre de rien, qui s’accrut en peu de jours, jusqu’à prendre un caractère pernicieux. Il était déjà en péril de vie, quand survint son éditeur qui, n’étant pas au courant de sa maladie, venait lui annoncer le triomphe des conservateurs et lui demander une polka d’occasion. L’infirmier, pauvre clarinette de théâtre, lui relata la situation de Pestana, en sorte que l’éditeur préféra se taire. Ce fut le malade qui insista pour savoir de quoi il s’agissait. L’éditeur obéit.