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de sueurs, d’eaux de Cologne et de Labarraque, sautillantes à n’en plus finir, comme au son d’une polka d’un grand Pestana invisible.

Après l’enterrement, le veuf n’eut plus qu’une seule préoccupation : abandonner la musique, après avoir composé un Requiem qu’il ferait exécuter le jour du premier anniversaire de la mort de Maria. Ensuite il choisirait un autre emploi : clerc de notaire, facteur, vendeur ambulant, n’importe quoi, qui lui fît oublier l’art sourd et assassin.

Il se mit à l’œuvre. Il employa tous les moyens, audace, patience, méditation, voire même les caprices du hasard, comme il avait fait naguère, en imitant Mozart. Il lut et relut le Requiem de cet auteur. Des semaines et des mois s’écoulèrent. L’œuvre, galopante au début, ralentit le pas. Pestana avait des hauts et des bas. Parfois, il la jugeait incomplète, il lui manquait le feu sacré, l’idée, l’inspiration, la méthode. D’autres fois, son énergie s’exaltait, et il travaillait vigoureusement. Huit mois, neuf, dix, onze, passèrent, et le Requiem ne s’achevait toujours pas. Il redoubla d’efforts ; il négligea ses leçons et ses amis. Il avait refait son travail nombre de fois. Plus