firent saigner de remords. Dégoûté, indigné, Pestana se révolta contre celle qui l’avait consolé tant de fois, contre la muse aux yeux égrillards, aux gestes arrondis, souples et gracieux. Et il ressentit les mêmes nausées, la même haine des gens qui lui demandaient de jouer la polka à la mode. En même temps il s’efforça de composer quelque chose d’une saveur classique, une page, une seule, mais qu’on pourrait intercaler entre Bach et Schumann. Vaine étude, inutile effort. Il se noyait dans ce Jourdain, sans y trouver le baptême. Pendant des nuits et des nuits, il se dépensa ainsi, présomptueux et entêté, convaincu que la volonté est tout, et qu’une fois qu’il se serait émancipé de la musique facile…
— Au diable les polkas, bonnes pour faire danser Satan, dit-il, un jour, en se couchant à l’aurore.
Mais les polkas refusèrent d’aller si loin. Elles arrivaient chez Pestana, dans la propre salle des portraits, elles faisaient irruption, si brusquement qu’il n’avait que juste le temps de les composer, de les faire imprimer, de s’y complaire pendant quelques jours, puis de