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Il se déshabilla, se mit en chemise de nuit, et s’en alla dans la salle du fond. Quand le noir eut allumé le gaz, Pestaña sourit, et, mentalement, salua l’un des dix portraits qui se trouvaient appendus au mur. Un seul était peint à l’huile, celui d’un prêtre, qui l’avait élevé, lui avait enseigné le latin, et, au dire des mauvaises langues, était le propre père de Pestana. Il est certain qu’il lui avait laissé en héritage cette vieille maison avec ces vieux meubles qui dataient de Pierre Ier. Le prêtre avait composé quelques motets. Il était fou de musique sacrée ou profane ; et il avait transmis ce goût au jeune homme ; peut-être même le lui avait-il infusé dans le sang, si les on-dit avaient leur raison d’être. Mais, cela, comme on en pourra juger, est indifférent à mon histoire.

Les autres portraits étaient ceux de compositeurs classiques : Cimarosa, Mozart, Beethoven, Glück, Bach, Schumann, et de trois autres encore, les uns lithographiés, d’autres gravés, tous mal encadrés et de différentes dimensions, mais reposant là comme des saints dans une église. Le piano était l’autel, le nocturne Évangile était ouvert : c’était une sonate de Beethoven.