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— Complètement. Je dirai plus ; si vous êtes son ami, veillez à le distraire…

— Juste ciel ! vous croyez ?… un homme d’un si grand talent, un philosophe !

— Peu importe ; la folie entre dans tous les cerveaux.

Figurez-vous mon affliction. L’aliéniste, voyant l’effet de mes paroles, connut que j’étais vraiment l’ami de Quincas Borba, et essaya de diminuer la gravité de son diagnostic. Il me dit que ça pouvait n’être rien, et ajouta qu’un grain de folie, loin d’être nuisible, donne du piquant à la vie. Comme je rejetais cette opinion avec horreur, l’aliéniste sourit, et me dit une chose si extraordinaire, si extraordinaire qu’elle mérite au moins un chapitre tout entier.