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CXLIX

Rotation et transmission


Chacune de nos entreprises, chacune de nos affections, représente un cycle entier de la vie humaine. Le premier numéro de mon journal fit poindre dans mon âme une vaste aurore, me couronna des feuilles et de la verdure d’un printemps nouveau qui me rendit l’activité d’un autre âge. Au bout de six mois, ce fut la vieillesse, et, deux semaines après, mon pauvre journal mourut d’une mort clandestine comme celle de Dona Placida. Il mourut, et je respirai comme un homme qui revient d’un long voyage. De telle sorte qu’en disant que la vie humaine nourrit en elle-même d’autres existences plus ou moins éphémères, de même que notre corps